Arkenna, 5 avril 2024
Un film réalisé et présenté par Dany Marique
La Crète et les Cyclades
C’est en
compagnie d’un ami de longue date, Dany Marique, que nous clôturons ce soir
notre cycle 2023-2024. Au fil de reportages divers mais liés par de riches thématiques
humaines et écologiques, ce conférencier chevronné a toujours eu l’art de nous
faire redécouvrir notre planète sous des jours inattendus. Et cette soirée dédiée
aux plus belles îles grecques ne fera pas exception.
Certes, la
Crète et les Cyclades sont des destinations bien connues et parfois gâchées en
surface par un tourisme mal pensé. Mais notre conteur a su insuffler à son récit
une profondeur subtile en entrelaçant les fils de deux mythes intemporels dans
la trame des travaux et des jours vécus par les Grecs insulaires.
Le premier
de ces mythes est celui de l’Atlantide, raconté par Platon et indissolublement
lié à l’effondrement de la civilisation
minoenne, celle des palais
de Knossos, de Malia
et de Phaïstos, celle
surtout de la ville d’Akrotiri sur l’île de Santorin, enfouie sous la cendre et
la pierre ponce d’une éruption volcanique il y a 3.600 ans.
Le second
mythe est celui d’Europe, princesse phénicienne enlevée par le dieu Zeus, métamorphosé
en taureau blanc. Emmenée à la nage jusqu’en Crète, elle y a enfanté les rois
Minos, Rhadamanthe et Sarpédon. Et aujourd’hui, son nom est celui d’un
continent aux origines troublées, toujours en quête d’identité…
La Crète
et les Cyclades sont matériellement pauvres, mais riches de paysages
magnifiques et de traditions séculaires. Leurs habitants, bien distincts de
leurs parents continentaux, sont fiers de leur patrimoine religieux, culturel
et gastronomique original.
Et parmi eux, certains artistes tentent de redonner sens à une histoire
confrontée à des défis sans précédent. À nous maintenant de voir et d’entendre
leur légende, scandée par les images et la voix de Dany Marique.
Arkenna, 8 mars 2024
Un
film réalisé et présenté par Christian Vérot
USA - Route 66
Il y a des hommes que
le goût du voyage saisit un jour et pousse à se lancer sur les routes de
l’aventure pour le reste de leur vie, au mépris de toute raison apparente.
Christian Vérot est de ceux-là, lui qui a entrepris à 23 ans une traversée
nord-sud de l’Amérique en 2CV, avant de sillonner à moto le Vietnam, l’Amérique
centrale et l’Ouest américain pour en ramener des reportages d’exception...
Aujourd’hui, c’est de
la mythique route 66 qu’il vient nous parler, ce ruban continu de 3.940 km qui
s’étirait autrefois du lac Michigan à la côte californienne. Ouverte sur
d’anciennes pistes indiennes par le légendaire Ned Beale en 1857, c’est la route des caravanes de pionniers lancées à
la conquête de l’Ouest. C’est la route suivie en 1928 par les concurrents de la
première course transaméricaine, de Los Angeles à New York. C’est la route des
paysans du Kansas et de l’Oklahoma chassés de leurs terres par les tempêtes de
poussière et la Grande Dépression des années 1930, en un tragique exode évoqué
par Steinbeck dans Les raisins de la colère. C’est enfin la route du rêve américain des années 1950-1970, en
direction du soleil, du Grand Canyon et de l’eldorado californien.
Déclassée en 1985, la
66 fait l’objet d’un culte à la mesure de son histoire. Son parcours est semé
de fermes en ruines et de maisons victoriennes ou Art Déco, de villes-fantômes,
de pueblos, de cactus géants,
de Cadillacs psychédéliques, de peintures murales et d’installations
délirantes. Et à l’instar des protagonistes déjantés mais si attachants du film
Bagdad Café, ses derniers riverains évoquent avec une nostalgie poignante le
temps révolu d’une Amérique qui n’exista sans doute jamais, sur fond de blues,
de rock ou de country.
Monsieur Vérot, à
vous maintenant de nous guider sur cette route mythique entre toutes...
Arkenna, 16 février 2024
Un film réalisé et présenté par Yvonnick Segouin
Mulhacén, le seigneur andalou
C’est avec
un vif plaisir que nous accueillons Yvonnick Segouin, Breton comme vous l’avez
déjà deviné et – ce que vous ne savez pas – ancien mécanicien avion de la
Patrouille de France devenu réalisateur il y a une douzaine d’années. Lors de
cette première rencontre, il nous propose d’aborder avec lui un thème écologique
original et fascinant, qui se déploie en cascades, canaux et fontaines autour
du mont Mulhacén, point culminant de la Sierra Nevada et de la péninsule ibérique
(3.479m).
Ce nom,
qui signifie « le seigneur Hassan » en arabe, fait allusion à l’avant-dernier
roi de Grenade qui aurait été enterré au sommet de la montagne. À l’ombre de la
légende se niche l’histoire bien réelle des acéquias,
un réseau d’irrigation mis en place après la conquête musulmane. Ce système
sophistiqué, si précieux dans une région où le soleil brille 320 jours par an,
a donné vie aux charmants villages blancs des Alpujarras, avec leurs maisons
cubiques d’influence mauresque et leurs anciennes mosquées converties en églises.
L’eau y est d’une pureté telle que la source la plus précieuse de la station
thermale de Lanjaron, appelée la Capucina, n’est consommée que sur prescription
médicale.
Mais avec
la désertion des villages par les plus jeunes, l’entretien des acéquias se fait problématique. Sensibles à ce défi,
des hommes et des femmes comme Modesto Alonso ont entrepris de les sauver. Ils
s’efforcent aussi de préserver l’équilibre écologique d’une région d’Andalousie
déclarée Réserve de la Biosphère par l’UNESCO, mais où l’on
surproduit fruits et légumes à force de serres et de polluants, au mépris de la
sagesse ancestrale et du développement durable.
Monsieur
Segouin, à vous de nous guider vers cette terre si belle et menacée, ainsi que
ses habitants courageux et passionnés.
Arkenna, 26 janvier 2024
Un film réalisé par Robert Émile Canat et Éric Courtade
Venise la Sérénissime
Ce soir, c’est
avec un vif plaisir que nous accueillons pour la première fois Éric Courtade.
Ce conférencier toulousain s’est d’abord fait connaître pendant plus de 30 ans
par de très beaux reportages sur les espaces illimités des États-Unis, puis
soudain il a opéré un virage à 180° et s’est tourné vers l’un des plus petits
et des plus beaux joyaux du patrimoine urbain de l’Europe : Venise.
Pour
capter l’âme de cette ville incomparable aussi bien par son aspect que par son
histoire, il a exploré mille recoins secrets, rencontré une multitude de
personnages intemporels et accumulé des témoignages singuliers. Cinq mois de
tournage lui ont été nécessaires, car Venise est une sirène qui charme d’emblée
le visiteur mais ne lui dévoile toute sa beauté qu’après une cour infiniment
patiente.
À chaque
pas dans le dédale des ruelles, à chaque coup d’aviron dans l’entrelacement des
canaux resurgit un passé à la fois doux et cruel, plein d’arrogance et de
tumulte, de couleur et d’éclat. Églises et palais, boutiques et ateliers
offrent au regard leurs précieux trésors qui témoignent d’une culture vouée à l’art,
au talent et à la beauté, du Rialto à San Marco, de la Giudecca à Murano.
Mais avant
tout, Venise est une cité surgie de la mer, qui flotte et qui danse sur les
eaux en se laissant entraîner dans une sarabande de processions et de fêtes
dont le carnaval constitue l’apothéose. Tous les repères se brouillent alors et
le passé se confond avec le présent, dans la magie des lumières tremblotantes
et des reflets chatoyants. L’âme du voyageur est saisie et retenue pour
toujours prisonnière dans le labyrinthe des canaux perdus.
Monsieur
Courtade, à vous maintenant de nous emmener à la rencontre de la Sérénissime et
de nous faire partager votre amour pour sa beauté fragile, troublante et
ineffable.
Arkenna,
17 novembre 2023
Un
film réalisé par Patrick Moreau et Nicolas Pellissier
Sri
Lanka, l’île des dieux et des hommes
La
projection de ce soir est le fruit de la complicité amicale et créative entre
deux talents contrastés mais complémentaires. D’un côté il y a Patrick Moreau,
caméraman et conférencier plein d’expérience qui sillonne l’Asie depuis plus de
40 ans. De l’autre il y a Nicolas Pellissier, jeune réalisateur enthousiaste
qui a créé sa propre agence audiovisuelle, Seethesound Films, puis a lancé en 2019 un cycle culturel et
divertissant original, Altaïr.
Le premier a proposé
au second de co-réaliser un film sur le Sri Lanka pour lui transmettre ses
compétences en matière de ciné-conférences. Deux voyages de plusieurs mois ont
suivi, qui leur ont permis de sillonner « l’île resplendissante » et d’en rapporter
un témoignage aussi original que passionnant.
Séparée de l’Inde par
le détroit serré de Palk, Sri Lanka a la forme d’une pierre précieuse, d’une
goutte d’eau ou d’une larme à peine éclose. Mais son histoire agitée l’a vite
éloignée de sa mère continentale. Cinghalais et Tamouls y ont alors fait jaillir
une culture brillante et distinctive, au croisement de 4 religions :
l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam et le christianisme.
Le pays a tout pour
séduire : plages de sable d’une blancheur aveuglante, faune et flore
exubérantes, cités anciennes imposantes, plantations de thé pittoresques et
surtout chaleur hospitalière des contacts humains que le voyageur peut nouer.
Mais l’apparence peut être trompeuse et la sérénité affichée est à vrai dire
toute neuve, après de rudes années de conflit alimentées par la tentation des
replis identitaires. Visitée 3 fois par Bouddha, d’après la légende, Sri Lanka
offre à nouveau un visage paisible et accueillant, que scrute avec une délicate
attention le film que nous allons voir maintenant. Monsieur Pellissier, je vous
cède la parole avec un plaisir anticipé.
Arkenna, 20 octobre 2023
Un film de Tanguy Dumortier
avec Olivier Larrey & Yves Fagniart
Toundra
Ce
soir, nous avons le plaisir de revoir Yves Fagniart, qui était venu nous
présenter l’an dernier un superbe reportage tourné au Tibet sur les traces de
la panthère des neiges. Mais cette fois, s’il nous emmène à nouveau sur les
rudes sentiers du froid et de la survie dans des conditions extrêmes, c’est
au-delà de toute présence humaine. Car le film Toundra se déploie entre la partie la plus reculée de
l’Islande et le Spitzberg, en des lieux miraculeusement préservés où les
mammifères sauvages et les oiseaux règnent en maîtres uniques.
Les
seuls humains que nous verrons sur ces images sont donc le photographe Olivier
Larrey et l’aquarelliste Yves Fagniart, le cinéaste Tanguy Dumortier (du «
Jardin extraordinaire ») étant resté dans l’ombre, caméra au poing. Partis bien
loin de leurs studios et ateliers confortables en quête des paysages et de la
faune sublimes de l’Arctique européen, les artistes ont su faire preuve d’une
ténacité stupéfiante pour surprendre des instants mémorables. Avec une patience
inlassable, ils ont capté la majesté des fjords et des glaciers, les attitudes
furtives des renards arctiques et des lagopèdes, les mouvements puissants des
morses et des ours polaires.
La
réussite d’un projet aussi fou exigeait une complicité sans faille entre les
trois aventuriers. L’un a traduit ses sensations en instantanés noirs et
blancs, tout en vigueur et en sobres contrastes. L’autre a exprimé ses
impressions en traits de pinceau aux nuances colorées, délicates et vaporeuses.
Quant au troisième, il a saisi avec bonheur, dans cet environnement sans
compromis, les alternances de découragement et de transport créatif de ses deux
amis.
Comment
ne pas se laisser séduire par une telle fusion de talents ? Monsieur Fagniart,
à vous de nous présenter maintenant votre aventure extraordinaire.
Arkenna,
29 septembre 2023
Un
film HD conçu et réalisé par Dany Marique
Maroc, le pays berbère
Ce
soir, notre ami de longue date Dany Marique nous entraîne dans une belle
aventure au cœur du Maroc, ou plutôt d’un certain Maroc, comme l’indique le
sous-titre de sa conférence : le pays berbère. En effet, son film est
délibérément centré sur les Berbères, c’est-à-dire sur la population originelle
du pays et d’une grande partie de l’Afrique du Nord, bien antérieure à la
conquête musulmane.
Qualifiés
au fil du temps de Libyens, Maures, Numides, Gétules et autres Garamantes, les
Berbères se nomment eux-mêmes les Imazighen – les hommes libres. Fiers de leur identité,
ils la revendiquent avec force dans un Maroc en voie de mondialisation. Ils se
sont faits nomades au long des pistes brûlantes du Sahara, pêcheurs à Essaouira
au bord de l’Atlantique, paysans sur les flancs rudes de l’Atlas... Leur
économie autonome est fondée sur une belle solidarité dont témoignent leurs
greniers collectifs, les agadirs. Et nous devons à leur culture nombre de
spécialités dites marocaines : l’huile d’argan, l’eau de rose, la confiture
d’amandes et une délicieuse cuisine de couscous et de tajines parfumés au
safran...
Plus
récemment, les Berbères de l’Atlas se sont lancés dans de nouveaux projets
d’agriculture durable, fondés sur les principes agro-écologiques du philosophe
et agriculteur français Pierre Rabhi, fondateur de Terre & Humanisme et de Mouvement Colibris. Celui-ci apparaît dans le reportage, tourné
avant son décès en 2021.
Femmes et hommes se
montrent aussi tolérants qu’hospitaliers, comme en témoigne une visite dans la
« vallée heureuse » des Aït Bougmez, au cœur agricole de l’Atlas. Un moment
particulièrement propice aux rencontres et fécond pour la pensée.
Monsieur Marique,
merci pour ce beau sujet. À vous maintenant de prendre le relais pour dérouler
le fil de votre épopée berbère.
Le Grand Tour : ruines, diligences et gentlemen
Marcel-Étienne
Dupret
À partir du 17e siècle, l’aristocratie anglaise lance la mode d’un voyage particulier, aussi long
que luxueux : le Grand Tour. Il s’agit d’un périple éducatif que se doit de faire tout « gentleman » qui en a le loisir et les moyens. Si son but
principal est l’Italie, avec Rome en point de mire, son itinéraire est très
variable et peut inclure à l’occasion les plus grandes villes d’Europe, de
Paris à Vienne en passant par Genève et Munich.
L’aventure est pittoresque et donne lieu à des péripéties surprenantes,
souvent cocasses, rarement tragiques. Elle éveille les meilleurs esprits, aiguise les
perceptions et affine le goût, nourrissant la curiosité pour l’Antiquité
classique et la Renaissance, pour les coutumes étrangères, pour la musique et
pour les sciences naturelles. Mais parfois aussi, elle n’est qu’un prétexte à traîner loin de chez soi la débauche et l’ennui…
Parmi ces voyageurs huppés et leurs escortes de compagnons et de serviteurs,
certains étaient dotés d’une belle plume, d’autres d’un crayon alerte ou d’un pinceau délicat. Ils
ont ainsi exercé une influence considérable sur
l’évolution littéraire et artistique de l’Europe entière. Et, sans le savoir, ils ont donné naissance à un phénomène de masse qui les aurait sans aucun doute
dégoûtés : le tourisme
moderne.